bois polychromé (h «. Ozon-Totem Dessin pour Ozon-Totem • La sculpture dont je vous envoie la photographie est d’un équi-libre intéressant. Il faut qu’elle soit grande. « II y a des mois et des mois que je souhaite vous écrire sur tout cela. mais j’ai été aux Indes deux fois, une fois en Amérique, etc., etc. Il ne faut pas laisser omber notre belle collaboration qui un jour sera fructueuse en esprit peut-être, en espèces. (Le Corbusier n’a jamais voulu vendre aucune de ces sculptures.) Dans une lettre du 12 septembre 1960, il me rappelle cette statue. Ayant un peu plus de temps libre, je la réalisai et la polychromai. Cette statue figura à son exposition de novembre 1962 au Musée National d’Art Moderne de Paris et qu’il nomma L’enfant est là Pourquoi » L’enfant est là »? Il m’expliqua qu’en 1936, dans le désert, il vit une négresse qui portait un enfant sur le dos, le groupe et le profil lui parurent intéressants et il en fit un croquis qui, après bien des études, arriva au dessin qui me servit à faire cette statue. J’en avais fait un grandeur d’exécution dont il avait corrigé les lignes et contours. Tendez vos courbes », répétait-il toujours. Il le coloria, ce qui me permit de faire la polychromie moi-même, ce que je fis souvent par la suite, A partir de 1961 et surtout 62-63 on va travailler davantage en vue de la préparation de son exposition novembre 1962 au Musée National d’Art Moderne et d’une exposition exclusivement de sculptures (1). La Galerie Mezzanin à Zurich va se consacrer entièrement aux oeuvres de Le Corbusier et fera, du 30 avril au 30 mai 1964, une expo-sition uniquement de sculptures. Les thèmes que l’on va travailler surtout seront les Icones ». Ubus », Panurges ». Le nombre des sculptures augmente et, pour pouvoir les corriger et les polychromer, Le Corbusier vient en Bretagne, à Tréguier, chez moi, passer trois jours en mars 1963. Il y avait beaucoup à faire et, pendant ces trois jours, nous avons travaillé d’arrache-pied de 8 heures du matin à 8-9 heures le so.r, juste le temps de déjeuner. J’ai toujours admiré chez lui sa puissance de travail extraordinaire et il entreprenait comme s’il ne devait jamais disparaître. A Brasilia, début 1964, il m’écrit au sujet de l’Ambassade de France. • Savina, Ambassade de France, Brasilia. On pourrait exécuter des reliefs creux dans les façades de béton. Thèmes: tableaux puristes de L.C. + graphiques + signes. Notre collaboration se résume par ce texte de Le Corbusier dans le catalogue de son exposition de novembre 1962 au Musée National d’Art Moderne de Paris. PLASTIQUE et POETIQUE « Deux mots doivent être dits au sujet d’une collaboration aussi curieuse que celle de Savina et de Le Corbusier. Savina habite Tréguier, en Bretagne. Il est occupé à gagner sa vie en exploitant un atelier d’ébénisterie. C’est à ses moments perdus qu’il lui est possible de tailler le bois. Sa première idée avait été de sculpter des tableaux de Le Corbusier, chose paradoxale peut-être. Mais, dès les premiers essais, Le Corbusier, appréciant les hautes qualités sculpturales de Savina, sentit qu’il était possible d’établir le contact par le crayon et la couleur; et il lui prépara des séries de projets de sculptures, celles-ci s’évadant des moules traditionnels, sculpture se préparant à entrer dans l’architecture soit en haut-relief, soit en ronde-bosse, soit en sculpture ajourée monochrome ou polychrome. Le Corbusier, avec sa sensibilité plutôt méditerranéenne, et Savina, breton, sembleraient devoir faire mauvais ménage. L’amour de la mer les unit, et la probité de l’écriture leur est commune. Ce qu’il y a de curieux dans ces sculptures, c’est qu’elles sont taillées à grande distance (en Bretagne) et sans lien autre que la sympathie et les dessins fournis par Le Corbusier. La plupart du temps, elles sont demeurées telles que les e taillées Savina. « D’autres fois, au contraire, il a fallu faire des retouches, suite d’erreur d’interprétation. D’autres fois encore, le premier essai réclame une seconde tentative, une troisième même. C’est une espèce de sculpture « de nature acoustique », c’est-à-dire projetant au loin l’effet de ses formes et, par retour, recevant la pression des espaces environnants. » (1) Début 1962 il mit sur pied l’atelier d’études et de recherche de sculptu en liaison avec ses travaux d’architecture. Photos Savina. FIND ART DOC