Alger (/If Alger la belle », – Alger la blanche » s’est laisse anéantir lors de ce boum tout récent de la bâtisse, où la hâte, la spéculation et l’inconscience ont consommé le crime d’anéantir des beautés naturelles si douces, les recou-vrant d’une croûte brutale de pierres et de macadam, de maisons sur rues-corridors et sur cours, et y installant une vie désorganisée par la défaillance de l’urbanisme. J’ai travaillé (gratuitement) pendant treize années à l’élaboration de projets successifs, cherchant non seulement à sauver la ville, mais à la magnifier. Sur le méridien de Paris, Alger plante la tour glorieuse de ses affaires, Alger capitale de la France d’Afrique. ses yeux sur les monts de Kabylie, sur l’Atlas, sur la nappe infinie des eaux, et couchée sur l’oreiller de sa puissante terre rouge, de sa verdure d’eucalyptus, de palmiers, d’asphodèles. Cette longue recherche urbanistique africaine fut une lente découverte des ressources possibles d’une topo-graphie hostile aux solutions paresseuses. Quand le sol est si exigeant (falaise, humidité aux lieux bas, victoire sur les hauteurs…) l’idée se trouve comme moulée dans une matrice impérieuse. Les organes apparaissent, dénichent leur insertion au lieu utile, leur forme spécifiquement valable. Et le milieu s’intègre en une plastique qui en est comme le réceptacle acoustique. Messieurs les plasticiens, messieurs les poètes, que vous faut-il ? Messieurs les édiles, vous avez peur, vous appréhendez la grandeur, la noblesse vous blesse, l’architecture vous fait peur? Vous avez préféré, au cours de votre voyage de noces, courir, admirer, selon Baedecker et Joanne, ce que d’autres avaient fait autrefois, qui s’étaient trouvés comme vous, un beau jour, en face de problèmes semblables : ils avaient foncé, s’étaient colletés avec choses et gens, ils avaient persévéré, ils avaient créé rceuvre… à Rome. à Florence, à Paris, à Istambul, à Venise. Ediles, édiles détenteurs de la clef de grandeur!