L’ESPRIT NOUVEAU .zr 1920 (L. C. 33 ans) VERS UNE ARCHITECTURE DOMAINE DE L’ESPRIT NOUVEAU. Editorial du premier numéro de la revue. Tout proclame l’avènement d’un esprit nouveau et tout fait pressentir que nous entrons dans une grande époque d’art et de littérature. De nombreuses forces novatrices se font jour. En peinture, en sculpture, en littérature, en musique, partout naissent des forces jeunes et ardentes, animées d’une soif de conquête. Dans l’industrie et dans le génie civil, des acquisitions capitales annoncent une grande époque archi. tecturale, et enfin le > style de l’époque se dégage, pendant que l’architecture subit un temps d’éclipse totale. Nul ne nie aujourd’hui l’esthétique qui se dégage des constructions de l’industrie moderne. De plus en plus les constructions industrielles, les machines s’établissent avec des proportions, des jeux de volumes et de matières tels que beaucoup d’entre elles sont de véritables œuvres d’art, car elles com-portent le nombre, c’est-à-dire l’ordre. Or, les individus d’élite qui composent le monde de l’industrie et des affaires et qui vivent, par conséquent, dans cette atmosphère virile où se créent des œuvres indé-niablement belles, se figurent être tort éloignes de toute activité esthétique; ils ont tort, car ils sont parmi les plus actifs créateurs de l’esthétique contemporaine. Ni les artistes, ni les industriels ne s’en rendent assez compte: c’est dans la production générale que se trouve le style d’une époque et non pas, comme on le croit trop, dans quelques productions à fins ornementales, simples superfétations sur une structure qui, à elle seule, a engendré les styles. La rocaille n’est pas le style Louis XV, le lotus n’est pas l’art égyptien, etc. L’avion et la limousine sont des créations pures qui caractérisent nettement l’esprit, le style de notre époque. Les arts contemporains doivent également en procéder. L’esprit qui présidera aux travaux de cette revue est celui qui anime toute recherche scientifique. Nous sommes aujourd’hui quelques esthéticiens qui croyons que l’art a des lois comme la physiologie ou la physique. Contrairement aux métaphysiciens à qui manque un contact assez intime avec les faits esthétiques, nous ne voulons pas établir ces lois par déduction de quelque principe général précé-demment posé. L’expérience de quelques siècles a démontré l’inanité de cette méthode. Au contraire, nous voulons appliquer à l’esthétique les méthodes mêmes de la psychologie expérimentale avec toute la richesse des moyens d’investigation qu’elle possède aujourd’hui ; nous voulons, en somme, travailler à constituer une esthétique expérimentale. 1925 La prophétie Les écrits pamphlétaires trois rappels â MM. LES ARCHITECTES L’architecture n’a rien à voir avec les styles. Les Louis XV, XIV, XVI ou le gothique sont à l’architecture ce qu’est une plume sur la tete d’une femme, c’est parfois joli, mais pas toujours et rien de plus. Les formes primaires sont les belles formes parce qu’elles se lisent clairement. Les ingénieurs américains écrasent de leurs calculs l’architecture agonisante. Les architectes ont, aujourd’hui, peur des constituantes géométriques des surfaces. Le volume et la surface sont déterminés par le plan. C’est le plan qui est le générateur. Le plan porte en lui l’essence mente de la sensation. La vie moderne demande, attend un plan nouveau, pour la maison et pour la ville. L’architecture est le jeu savant, correct et magnifique des volumes assemblés sous la lumière. La géométrie est le langage de l’homme. Où l’ordre règne naît le bien-être. Un module mesure et unifie; un trac, régulateur est une assurance contre l’arbi. traire. Le tracé régulateur est une satisfaction d’ordre spirituel. Les Traces RÉGULATEURS