tenture de notre temps. L’architecture devint rapidement, pour Nagare, le complément logique de sa sculpture, et la conjoncture favorable d’un Japon en plein essor de modernisation fut déterminante pour le cle,eloppement de cette double démarche. En 1961 il était chargé du projet des jardins et des fontaines du Palace Hôtel à Tokyo • en 1952, de sculptures pour le Ueno Festival Hall et pour la Préfecture de Qua; enfin, en 1963, il remportait le concours pour le projet du Pavillon Japonais destiné à l’Exposition Universelle de New York. Il y a quelques années, après que la veuve de l’architecte Eero Saarinen eut acquis une sculpture de Nagare, de grands collectionneurs et des architectes américains parmi lesquels Philip Johnson, rendirent célè-bre aux Etats-Unis le sculpteur nippon, désormais tenu en grande considération dans son propre pays. Les architectes font volontiers appel à la collaboration de Nagare, car celui-ci n’ignore aucun de leurs problèmes; c’est d’ailleurs l’architecture qui l’a amené à tra-vailler le bronze aussi bien que la pierre. Alors que ses sculptures font évoquer l’art mégalithique de nos menhirs, ses murs sont de véritables remparts moyenâgeux avec leurs reliefs taillés à même, comme on peut s’en rendre compte dans la grande salle de concert du Festival Hall de Tokyo. Quant aux murs de pierre exécutés par Préfecture tl’oita196 Nagare pour le Pavillon du Japon à l’Exposition de New York, une grande partie de ce travail titanesque dut être accomplie sur place et nécessita le transport par mer de six cents tonnes de pierre qui voyagèrent du Japon aux Etats-Unis. Nagare utilise en général pour ses sculptures un granit très dur qui provient des carrières de Aji, localité où l’artiste a son atelier. Le puissance et le durée dans l’art de Nagare, sculpture ou archi-tecture, sont des forces statiques qui correspondent de toute évi-dence à une notion du temps qui n’est pas la même en Asie qu’en Europe. Cette forme d’art sereine requiert une attention non frivole; elle réussit à être originale tout en échappant aux effets gratuits. Cet art d’une grande élévation reste dans la vie, la vie du XXI` siècle tout proche. La femme qui partage la vie de Masayuki, Mutsuko Nagare, est un écrivain connu, critique de cinéma; elle l’a accompagné à New York pour suivre à ses côtés la construction du Pavillon Japonais, qui est sans doute la plus grande réussite de l’Exposition. S. F.