76 Les peintres italiens de Paris Bettina. Poupées. 4.0 cv C 7 O tA t7if E za Bettina Les travaux de Bettina, comme ceux de son mari Nando, se signa-lent par un éclectisme qui, d’abord, nous fait hésiter: faut-il voir là les manifestations d’un tempérament plutôt velléitaire, bien qu’assez abrupt, semble-t-il, ou la diversité naturelle d’une intention dont les phases contradictoires ne livrent pas tout de suite leur dénominateur commun? En fin de compte, il n’est pas si facile de se prononcer. La personnalité vitale et la personnalité artistique inter-viennent peut-être ici à part égale, et tantôt pour se lier étroitement, tantôt pour entrer plus ou moins en conflit. Bettina ne veut pas, dit-elle, s’arrêter à des formules. D’un certain point de vue on la comprend, mais ne risque-t-elle pas aussi de laisser sans cesse de son oeuvre, malgré les séductions du talent et la grâce des aptitudes, comme une impression d’inachevé ? L’entêtement, même lorsqu’il sem-ble tourner à vide et devenir monomaniaque, est aussi créateur. Pour-tant, les signes d’une certaine unité se distinguent, parfois avec une évidence assez riche, dans les différentes oeuvres de Bettina : ils n’ont pas encore été vraiment maîtrisés. Bettina a obtenu un succès mérité en présentant ses « poupées », personnages multicolores en étoffe conçus dans une esthétique sou-vent picassienne, surréalisante, totémique, et dont Léonor Fini a dit excellemment que ce sont « des fétiches pour magie blanche ». Or, il y a, me semble-t-il, une parenté incontestable entre ces person-nages et ceux de plusieurs toiles figuratives de Bettina, où une espèce de naïveté hallucinée éclaire bizarrement une gaieté empruntée à l’absurde, aux charmes enfantins ou à quelque signe érotique. Là, les personnages peints ont, aussi, des airs de fétiche. Cette générosité, cette vigueur, cette imagination poétique d’une figuration matérialisée dans les poupées ou spiritualisée sur la toile, n’empêchent pas Bettina de se tourner vers l’abstraction. Ses toiles claires, monochromes, aux compositions très libres, aux gris suaves et cependant soutenus, aux grattages de matière amples et subtils, ne manquent certes pas d’in-térêt. Mais Bettina n’est-elle pas plus à l’aise dans la figuration? Ses poupées, en définitive, ont plus d’originalité et de valeur artistique qu’elle ne semble elle-même le supposer. Roger BORDIER. Nino Calos Végétaux surpris dans une lumière irisée, fonds marins, jeux d’aqua-rium, étoiles en promenade, division de branches dans le soleil, vitraux recomposés? Pourquoi pas? Et cependant, pourquoi ? Les mobiles lumineux de Nino Calos ont ceci de particulier, je veux dire d’envoûtant, que leur abstraction même, une abstraction très déli-bérée, peut suggérer des idées de nature ou quelque phénomène cosmique, sans cesser pour autant d’être elle-même. D’où lui vient cette double chance, et cette logique enchanteresse, d’où peut-elle tenir ce pouvoir d’une poésie située, sans effort apparent, aux deux pôles du merveilleux? D’un certain lyrisme, je crois. De ce lyrisme qui, d’abord, appartient à la nature de l’artiste et que l’intervention d’une technique nouvelle n’a pas amenuisé, affadi, ou mis en équa-tions, mais tout au contraire enrichi. C’est que Nino Calos a pu construire ces tableaux mobiles, utiliser l’électricité qui donne à la fois la lumière et le mouvement, s’emparer de matières à la froide origine scientifique, et demeurer peintre, rester poète. Tout est là : la technique elle-même n’a que peu d’importance : c’est le domaine des ingénieurs; et la plastique ramenée aux simpli-fications de formes, aux géométries flatteuses et inexpressives, c’est plutôt l’affaire des décorateurs. Chez Nino Calos, ce qui bouge, se transforme, disparaît et revient, gagne des horizons nouveaux puis les efface encore pour en conquérir d’autres, ce sont vraiment les couleurs d’un tableau, ses couleurs et sa composition propre, un ensemble de taches, de signes, d’éclairs, de rapports essentiellement picturaux, d’ombres indécises et de contours harmonieux livrés à ces métamor-phoses d’où peut jaillir, précisément la vision d’un monde familier, toujours prêt à capter notre mémoire, et toujours prêt à s’en inventer une. La technique est simple : derrière une composition fixe aux cou-leurs transparentes et qui laissent bien passer la lumière, tournent les disques des compositions mobiles également colorées, animées par un micro-moteur électrique. Les taches des disques se projettent ainsi, en tournant, sur la surface fixe, et la source lumineuse traverse l’ensemble des compositions que nous voyons se recréer sans cesse sur l’écran où elles se rencontrent. Nino Calos est un coloriste. Ce Sicilien, qui a effectué des recher-ches en compagnie de Malina, nous livre ici une sorte d’impression-nisme abstrait, mis en mouvement et capable de faire naître des évocations très diverses. R. B. Gianni Bertini Il est difficile de tracer un portrait ressemblant de Bertini, le modèle bouge tout le temps pendant la pose. Sa biographie nous apprend qu’il est né en 1922, à Pise, comme Galilée, qu’il a étudié les mathématiques, et que ses premières manifestations dans le domaine de la peinture ont suivi le processus, inévitable chez ceux de sa génération en Italie, figuration d’abord, et très rapidement abstraction (1947). La redécouverte du Futurisme après la guerre, eut une influence déterminante sur l’art du jeune Bertini. Des exemplaires jaunis du journal futuriste « Lacerba » (1913) auront été le catalyseur qui a déclenché les machines infernales de Bertini. De là peut-être, ces chiffres et ces lettres qui parsèment ses oeuvres, depiliq « I nridi (1948-49) jusqu’à maintenant. Malgré sa participation expositions de groupes avancés à Florence, Milan et Paris que Bertini est venu jouer ses cartes. Son arri