sculpture abstraite qui risque à chaque pas de tomber dans le for-malisme et même dans la schématisation très artificielle de la conscience plastique. Ce qui gêne, dans leurs oeuvres, c’est un certain simplisme plastique, c’est-à-dire la transposition trop facile à la dimension monumentale d’idées plastiques très minutieuses, qui relè-vent presque de la bijouterie (à l’origine de ces artistes). D’où un grand travail artisanal qui arrive à dépasser le problème plastique au lieu de s’y adapter. Egalement dans les grandes sculptures de Pierluca (né à Florence en 1926) et qui travaille à Paris depuis quelques années, la beauté du travail artisanal éclate immédiatement, mais elle est heureusement partie intrinsèque de l’esprit même de la sculpture. L’imagerie de Pierluca consiste en coupures, en « lacérations d’une sorte de tissu presque organique, blessé dans plusieurs de ses cou-ches. A Milan, la rupture avec la tradition de Marini, en faveur d’une sculpture abstraite mais intensément plastique, a été due, surtout, à un certain moment, à Somaini. Plusieurs jeunes sculpteurs qui tra-vaillent dans la métropole lombarde se sont dirigés dans cette pers-pective: Nino Cassini (né à Viggiù Varese, en 1930), Giancarlo Mar-chese (né à Parme en 1931) et Giacomo Benevelli (né à Reggio Emilia en 1925). Ce dernier a développé sa recherche dans un sens toujours plus organique, et les deux autres, dans une perspective plus abstraite pour ne pas dire sommaire. Benevelli essaye de souligner une cer-taine opposition entre des éléments rigides et d’autres absolument organiques et ramifiants avec une intensité très efficace. Il faut nommer aussi, à ce propos, un jeune Turinois travaillant maintenant à Rome: Paulo loure (né en 1936), qui propose des images abstraites dans un sens de construction, quelquefois à plusieurs élé-ments et avec certaines suggestions archaïsantes, bien que dans des dimensions restreintes. Au contraire, l’esprit d’Andrea et de Pietro Cascella (nés respectivement en 1920 et 1921 à Pescara) vise à une dimension d’image archaïque dans un sens très monumental. Les thèmes de l’imagerie plastique d’Andrea sont souvent des symboles sexuels très schématisés, des machines fantastiques, des outils pri-mitifs ou des instruments de torture, et, du point de vue artisanal, la traduction en pierre ou en marbre est toujours bien conduite. Pietro, lui, est peut-être plus porté à des suggestions d’ordre orga-nique plutôt que mécanique. Dans un même ordre d’idées, l’oeuvre de l’Argentin Roccamonte, qui travaille à Rome et, après une recher-che matiériste, nous propose maintenant des images très schéma-tisées, en fonction de personnages; et, à Milan, Giancarlo Sangregorio poursuit des recherches du même ordre, bien qu’en termes différents. Lorenzo Guerrini (né à Milan en 1914, travaille à Rome) est celui qui dans le temps est resté le plus fidèle à un sens très archaïque de la proposition plastique, par la façon de concevoir son travail plutôt que dans son imagerie. Cet artiste a joué un rôle assez important dans les recherches non figuratives de la sculpture italienne pendant cette dernière décade. ll travaille en taille directe la pierre des collines des environs de Rome. Bien que de mentalité très abstraite, il vise maintenant à une proposition d’image primitive schématisée, d’une force indéniable. Galleria Delly OOelisco. Rome. ‘ Georges L’yens. « Petit Griffon Galleria Schneider, Rome. Photo Arinet Held. 964. FIND ART DOC