années le responsable des vitrines d’un grand magasin de la rive droite. Son oncle, Jacques, a été le président des artistes décorateurs et il dirige depuis peu l’Ecole des Arts Décoratifs de la rue d’Ulm. Tous trois assurent le passage difficile entre l’abusif et complaisant Art Déco pour l’Art Déco d’hier et la présentation la plus retenue, donc la plus sûre, de l’équipement de la maison d’aujourd’hui en fonction de l’architecture. Jacques Adnet avait d’ailleurs mieux que des contacts avec celle-ci, puisqu’à l’exposition de 1937, il avait bâti au bord de la Seine, le limpide pavillon de verre de Saint-Gobain. Olivier Adnet, de la nouvelle vague, fait la liaison et se promène volontiers autour de la planète pour des missions représentatives. C’est sur le chemin de l’Australie où il se rendait en 1956 pour l’exposition commerciale française à Sydney, qu’il a surpris une des caches-aux-oeufs de Gala. Le cadrage d’une foto (mot japonais) tirée d’un ensemble naturel, transfigure souvent cet ensemble et nous en donne une idée tout à fait étrangère. Ici on a l’impression d’un terrain vague plus ou moins convulsé et ridé où, parmi quelques racines affleurantes, gitent des galets. Or, il n’en est rien. Le terrain, plus dur que vague, est un piton rocheux, à La Pérouse, en Australie. Il ne s’agit point d’oeufs marins roulés depuis des siècles en des ressacs grinçants ; mais de barreaux parallèles en roche tendre, arrondis au sommet par le vent, la pluie, voire les vagues défer Tantes des grandes marées. Ce sont bien les oeufs de la terre et des météores du ciel, mais Gala n’a pas confiance car elle les garde soudés à son corps de roche, de peur sans doute que le père céleste ne les gobe ! Ce qui semblait racine est seulement nervure rocheuse ; les rides ne sont pas du sable, mais de la pierre burinée en ondulations presque parallèles. A y regarder de près, ce pan calme de rocher dressé que l’objectif visa de côté a les allures d’un champ de bataille. Sur sa droite, ne dirait-on pas des formes élémentair Leurs parallèles convergent ; en haut des vagues pétriées bas de grosses larves blanches, annelées, d’étrange: 1DÉj ART DOC’ Olivier Adnet. < Les oeufs de la Terre-Mere . Photographies. Salon des refusés de la peinture figurative On peut dire sans crainte de se tromper que les trois photographies de cette double page, eussent été refusées, bien avant que d'arriver à quelqu'un des Salons, combien désuets d'ailleurs de la peinture figurative, pour une raison toute simple : aucun peintre figuratif « honnête n'aurait eu l'idée (déplacée), de se déplacer pour planter son chevalet devant de pareils motifs ! Qu'est-ce, en effet, que ce coin perdu, semé de cailloux ? Pas un paysage évidemment. Et ces taches noires? Pas des papillons en panoplie. Quant à ce bois brûlé, qu'il finisse, non dans une cheminée bourgeoise, mais dans un barbecue ! Jamais ces sujets, de l'innombrabe catégorie des laissés pour compte, n'ont eu les honneurs de la palette. Il est cependant évident pour nous, qui n'avons pas les idées mortes, l'imagination au-dessous de zéro et la rétine bovine, que ce sont des sujets plastiques. Ils le sont même doublement. D'abord à titre d'objets aux formes imprévues et passionnantes ; ensuite au titre de l'esthétique informelle, ayant été photographiés pour leur intérêt en tant que matière. Les oeufs de la Terre-Mère Dans les rêves des poètes, mais aussi dans le rêvoir inconscient de tous les hommes, la terre a toujours été sentie comme une mère. Elle est la Terre-Mère accouplée au ciel, l'Ouranos Etoilé. Les mythes ne sont plus considérés avec raison comme les images d'Epinal un peu mons-trueuses des peuples primitifs; ils constituent des formules magiques dont les symboles sont lourds de genèses cosmogoniques et de psychanalyse. Et voici qu'un photographe, d'un clin d'objectif, image concrètement sous nos yeux le mythe de l'union de la Terre et du Ciel. Ce jeune photographe, Olivier Adnet, est le dauphin de la dynastie bicéphale des Adnet, les plus parisiens des natifs du Val de Loire. Son père- Jean, est depuis des 64 par Pierre Guéguen