J.111 Burssens. Peinture. 1957. Tendances de la nouvelle peinture abstraite en Belgique 26 accompagnent le rêveur, le promeneur, le spéléologue au sein ,de ce silen• cieux Rünnenberg, au fond de ce jardin merveilleux tout baigné de l’attrait périlleux des paradis labyrinthiques d’où nul ne revient plus. De Muylder explore, dans ses dernières oeuvres tout au moins, de très beaux et très attachants fonds marécageux pleins de mouvements ligneux et de lentes décompositions végétales. Les toiles de Zimmermann s’ouvrent à une végé. talion luxuriante où les joncs et les lianes se fraient un chemin tourmenté quand un souffle ne les arrache pas dans un grand tourbillon bleu, tandis qu’a l’opposé, Verstackt laisse à des structures plus, figées, ,plus dures, plus minérales le soin d’exprimer dans un noir buriné une géologie fan. tastique. Mais sans doute faut-il insister sur l’importance d’Heerbrant. Une poésie intense anime ses dessins finement élaborés, filaments tissés autour d’un univers cristallin dont l’étrange légèreté ne se dément pas dans les toiles, soit qu’un souffle puissant gonfle des « bulles de terre » ou dresse des pierres rituelles, soit qu’une atmosphère magique harmonise des signes dans un espace mouvant de rêve. Sa révolte, Heerbrant la porte en lui et, s’obstinant depuis quelque temps à ne plus rien montrer de son oeuvre, il est peut-être le seul à protester dignement devant les défécations commer. ciales de « notre temps héroïco-burlesque Peinture orgiaque, dure, tourmentée que celle de Van Anderlecht. Ce sont des cris, des appels lyriques qui crèvent la toile, s’agitent en giclées lourdes, épaisses, flux et reflux d’une vie qui se dissout et se recompose sous le pinceau comme l’esprit d’un sacrifié quand rituellement s’avance le couteau d’obsidienne. Tout est passion, rythme exacerbé, chair déchi-quetée mais vivante et vivant d’une éternité tourmentée. Ces sentiments scalpés, crachés à vif s’expriment dans une esthétique commune à Vas Anderlecht et à Vandercam. Chez ce dernier, l’énergie se polarise en coulées massives de couleur. Ses toiles tiennent du coup de poing, elles respirent une lutte sans merci de forces obscures, antagonistes, volumes la fois heurtés et durement contenus dans un ensemble harmonieux. Cepen-dant, Vandercam, dont on connaît l’intense activité de recherche, semble s’orienter aujourd’hui vers un art plus construit, non sans passion d’ailleurs, qui fait s’imbriquer sur fond noir des traits compacts de matière plus noire encore. Parti de personnages dansants, Mara nous livre des compositions où le dynamisme le plus dense gonfle d’énormes veines rouges saillant par endroits d’une chair bleutée et tumultueuse. Parfois ce dynamisme éclate en taches menaçantes, en fleurs géantes épanouies prêtes à serre! avec la brutalité de leurs teintes agressives leur étreinte sur une proie. Quant à l’art d’Hugo Claus, il suscite des tourbillons noirs sur blancs, des constructions aériennes et comme suspendues, malgré leur densité, par lu force qui les a fait naître. Il y a quelque chose de sacré chez Vandenbranden, d’humour rose chez Bury, de naïf chez Carette et de minutieux chez Van Hoeydonck qui confère à l’abstrait qualifié de « froid » une présence humaine bien propre à le différencier d’une ornementation pour colonie pénitentiaire. La pureté du tracé rejoint la pureté des deux tons qui se partagent la plupart des toiles de Vandenbranden. Un plan uniformément noir combat de sa géométrie massive un espace blanc de plus en plus restreint, imposant par-dessus cette lutte du noir et du blanc une vision manichéenne troublante. Par contre, le mouvement perpétuel agite l’esprit de Bury, où loge la pensée Bûl (1). Inventeur de mobiles et de plans pivotants à l’heure où personne n’y songeait sérieusement, le voici qui lance au public les clins d’oeil do sa malicieuse « Ponctuation e. Une surface noire percée de trous laisse affleurer dans un papillonnement lent des points scintillants ou de couleur blanche qui, disposés sur un plan mouvant, charment le regard par une optique sans cesse renouvelée et candidement insolite. Qu’on ne s’y trompe pas, ces compositions exercent sous leur apparente et complexe naïveté l’attrait fascinant des machines de Roussel et l’on sait quelle importance Jet’ Verheyen. « A. essence no 1 ». 1959. ho I o M’input.