Peinture. 1957. fougueux, au rythme ascendant, dont le crescendo finit, comme le final majestueux d’une symphonie, par s’emparer de nous, en nous faisant parti-ciper à cet ensemble vertigineux de tourbillons cosmiques. Mais son dyna-misme, si véhément et si déchaîné qu’il puisse être, n’en est pas moins soumis aux lois de la construction, comme la tempête la plus furieuse obéit aux lois de l’atmosphère. Le désordre et l’anarchie sont totalement étrangers à l’art si révolutionnaire pourtant de Domoto. C’est un romantique qui se domine ; c’est un jeune qui sait donner toute la mesure de sa force juvénile. Enfin la matière, si elle n’a pas chez lui l’importance primordiale qu’elle prend par exemple chez un Dubuffet, n’en atteste pas moins la nouveauté de sa recherche. Il ne recule pas devant les expériences les plus audacieuses, utilisant des objets quotidiens et utilitaires comme le nylon, et allant parfois même jusqu’à brûler la toile. Mais ce ne sont là que des expériences pour trouver la matière qui répond le mieux à Peinture. 1957. la réalisation de son espace. Car Domoto refuse, avec raison, à la matière, cette autonomie que certains de ses contemporains lui accordent. La matière, si belle qu’elle puisse être, ne peut jamais devenir une fin en soi. Né et élevé à Kyoto, où la meilleure tradition artistique et artisanale du Japon vit encore aujourd’hui, Domoto, s’il connaît mieux que personne les charmes que présente une belle matière, n’en ignore pas non plus les dangers. Aussi travaille-t-il, sans trop s’y abandonner, sa matière fraîche et subtile où se manifeste, dans la meilleure acceptation du terme, le côté artisanal de l’artiste. Richement nourrie et finement rendue, elle a cet éclat sombre d’une ancienne céramique japonaise. C’est là que résident son, intimité, son charme et sa poésie. Tension, fougue et envoûtement — par ces qualités d’un accent absolu-ment personnel, l’ceuvre de Domoto atteint l’humain dans ce qu’il a d’uni-versel, ce qui est le privilège de l’art authentique. Schuji TAKASCHINA.