Severini. Portrait de Mme Severini. Aquarelle, 1913. Maria Blanchard. Composition avec personnage. 1916. Metzinger. Nature morte avec lampe. Peinture, 1916. Spéculations sérieuses et drôles / y • n Q o. Cr Cr r_ Torres-Garcia. Gom Un touriste bolivien, originaire de La Paz, a, au cours d’une visite organisée au Louvre à Paris, jeté une pierre sur le portrait de la « Joconde », de Léonard de Vinci. La pierre brisa la glace proté-geant le tableau et abîma le portrait. Interrogé, le Bolivien ne put donner aucune raison valable à son acte : il avait une pierre dans sa poche et soudain l’idée lui vint de la lancer contre la toile. L’âme, le sens du monde, ne sauraient s’expliquer ni par la raison ni par l’intelligence. Les règles du jeu de l’intelligence et de la raison ne valent que pour elles. L’outrance du sens énigmatique d’un acte est la preuve de sa pureté. Raison et intelligence, non plus, n’expliquent la beauté. La beauté jaillit du royaume de l’énigme. L’ombre de l’éphémère l’enveloppe dans ses voiles. Le touriste de La Paz s’appelle Unjaga Villegas. C’est un ambassadeur de la cause première qui nous a été envoyé pour nous faire, du haut d’un piédestal, une démonstration évidente et peu commune de ce qu’est l’éphémère. Nombre d’artistes aujourd’hui sont des Villégiatouristes. Et à Paris, dans maintes galeries d’art, on offre à l’acheteur, dans une urne cinéraire, le chef-d’oeuvre pulvérisé. Et cette affirmation ne doit pas être entendue curai grano salis, mais comme la réalité brute. La moustache dont Marcel Duchamp fit, il y a quelques années, présent à Mona Lisa, n’était déjà plus exclusivement un reflet de la courtoisie française du Grand Siècle. Et l’art, s’il n’est pas qu’une parodie, n’oublie jamais la mort. « Etre ou ne pas être, là est la question >, dit Hamlet qui ne songeait probablement pas au Néoplasticisme ou à l’Art du Pacifique. Quant à moi, l’art me sauta à la gorge lorsque, avec Sophie Taeuber, je cherchai l’absolu et l’impérissable dans l’art. Nous avons passé, Sophie et moi, de nombreux mois à poursuivre notre rêve de tenter de réaliser une image parfaite. Le résultat de notre travail lut des collages réalisés au prix de souci, d’anxiété et de peine, dans lesquels nous n’avions exclusivement employé que des rectangles de papier noir, blanc et argenté, découpés au massicot. Aucune faille ne devait rompre l’unité des surfaces composant l’architecture de l’image. Notre oeuvre nous possédait au delà de toute limite. Des années après, nous eûmes l’occasion d’exposer quelques-uns de ces travaux que nous avions relé-gués au grenier. Quand je les revis, je fus frappé de désespoir et de consternation. Les images étaient devenues le messager de l’éphémère. Les papiers avaient passé, des déchirures et des boursouflures se détachaient, ici et là, sur le fond. Après cette aventure, je voulus incorporer à mes travaux le hasard, l’éphémère et la mort. Je déchirai dessins et papiers et j’en fis des collages. Dans la très riche collection d’art contemporain que M. et Mme Winston ont composée avec finesse et sensibilité, vous trouverez les meilleurs exemples qui illustrent mon propos. L’un des pôles de la collection Winston est constitué par des oeuvres dont la beauté n’a pas été touchée par l’éternelle transformation de l’éphémère. Je range parmi elles les oeuvres de Mondrian, van Doesburg, Albers, Freundlich, Herbin, Lissitzky, Pevsner et Gabo. A l’autre pôle, on trouve Boccioni, Masson, Pollock, Schwitters. Jean ARP. e n w 0. rs. Compositi