Le 1— juillet 1925, un jeune homme de 19 ans était officiellement mis en possession d’un certificat d’aptitude professionnelle, décerné à Nîmes par le Ministère de l’Ins-truction Publique et des Beaux-Arts, Sous-Secrétariat de l’Enseignement Technique, et assurant à son titulaire la qualité de graveur-lithographe. Ce jeune homme était né à Hazebrouck (Flandre Française). Réfugié à Nîmes avec sa famille en raison de la guerre 14-18 (où son père était mort), il ne parlait encore que le flamand avec sa mère à son arrivée dans le Gard. Il apprit donc le français dans le Midi et c’est pourquoi lui est resté, contrastant avec sa haute stature de Flamand blond à l’oeil bleu, et rose, presque rouge de visage, une très agréable pointe d’accent méridio-nal. Ce jeune homme se nommait Aimé Maeght. Le diplôme se trouve aujourd’hui, dûment encadré et bien en vue, dans le bureau directorial de la Galerie Maeght et son titulaire n’est pas peu fier, et au plus juste titre, de ce témoignage de compétence artisanale dont tous ses confrères, marchands de tableaux, ne peuvent certes s’enor-gueillir. Et Aimé Maeght, aujourd’hui à la tête d’une des plus importantes galeries d’art moderne de Paris, se sou-vient avec quelle émotion il porta à la litho, sous l’oeil vigilant de Bonnard lui-même, une esquisse très complexe de couleur, que ce maître lui avait confiée. « Quand, me dit Maeght, on a dû procéder à une bonne vingtaine de passages pour arriver au résultat, il est vraiment difficile de ne pas avoir compris pourquoi les jaunes, les rouges, etc., sont placés à tel endroit plutôt qu’à tel autre. » Ainsi se révèle la leçon purement artistique d’un travail apparem-ment de simple technique. Peinture, 1951. Les deux cyclistes Fernand Léger. Photos E.B. Weill. Ci-dessus, de haut en bas : De gauche à droite : Adrien Maeght, Aimé Maeght, L.G. Clay Vue des salles d’exposition à l’étage supérieur. La librairie Pierre à Feu » au rez-de-chaussée. eux.