■< Rectangle bleu sur rectangle rouge ". MALEVITCH Souvenirs de Michel Larionov Casimir Severinovitch Malevitch (1878-1935) est né à Kiev. Son père, d'origine polonaise, dirigeait une importante propriété agricole près de cette ville sa mère était russe. Les parents de Malevitch étaient issus d'une famille assez bourgeoise, sans aucune prétention à l'intellectualité, aussi la vocation de Male-vitch paraissait à lui-même presque incompréhensible et s'il a réussi à persévérer dans son désir de faire de la peinture, c'est grâce à l'appui de sa mère qui, jusqu'à la fin de sa longue vie, a entretenu avec son fils des relations de grande amitié et a toujours vécu auprès de lui (en 1929, elle avait 92 ans). Malevitch était de nature très renfermé et ne parlait jamais de sa vie intime, en particulier de sa famille. Il portait continuellement sur lui un assez volumineux carnet où il inscrivait d'une écriture micros-copique toutes les idées qui lui passaient par la tête. On ignore la date de son arrivée à Moscou, où il fait ses études à l'Académie privée de Rerberg. Cette jeune Académie était alors d'avant-garde et représentait un des centres où se discutaient dans des réunions privées entre professeurs et élèves tous les problèmes du monde de l'art aussi bien en Russie qu'à l'étranger et en particulier en France. De temps à autre on organisait des réunions plus importantes ouvertes à toutes personnes susceptibles de s'intéresser à l'art. En raison des moyens assez restreints dont disposait l'Académie, sa bibliothèque était assez pauvre, néanmoins elle disposait assez régulièrement de publications d'art françaises et allemandes. J'ai connu Malevitch en 1906, après l'Exposition de l'Association des Peintres de Moscou. Quelques jours après cette manifestation, j'étais, invité au vernissage d'une Exposition de groupe à laquelle Male-vitch participait. Il exposait près de vingt gouaches, toutes sur le même thème : « Homme se lavant au savon », le corps du personnage était rouge et la mousse de savon verte. Nous quittâmes ensemble l'exposition et nous mîmes à converser assis sur un banc du boulevard Tverskoy, en face du monument Pouschkine. Notre conversation a duré toute la nuit. Malevitch m'expliquait les problèmes qu'il av ait à résoudre pour ses tableaux ce qui m'a frappé dès ses premières paroles, c'est que ses opinions correspondaient exactement à mes propres convictions. Il disait, par exemple, qu'un tableau devait être inventé, que le but d'une oeuvre était sa forme, que les objets figurant sur la toile ne jouaient aucun rôle, mais que, par contre, la façon dont ils étaient exécutés 01111111 composition suprématiste. 1916.