MARCEL BREUER Ambassade américaine, La Haye, Hollande Marcel Breuer, architecte. J. J. Neshi, architecte collaborateur. lopmmommumusamemogàiqà r; i�1111111111111111111111 11111112112_11111111L-VA11111111111111111111111111111 inummmumm• —Intimmzemrealmireareem,7-4l, gàaffàr ammomp MARCEL BREUER PAR PIERRE GUEGUEN (Suite du texte de Ici( page 49) Nul mieux que Marcel Breuer n’était à même d’accorder l’ameuble-ment avec le style éminemment spatial de la nouvelle architecture, comme avec les matériaux nouveaux de la jeune industrie, ou encore d’adapter des matériaux anciens à des usages nouveaux. Il l’avait démontré à 23 ans, dès 1925, où le cadre d’acier chromé de sa première bicyclette lui donna l’idée de fabriquer des sièges et des tables en tubulures, véritable révolu-tion dans la matière et dans le style. Inexpérimenté, il ne prit pas de brevet, ce qui favorisa encore l’essor immédiat de cette application ingénieuse et gracieuse. En 1933, il obtint le premier prix dans un concours organisé par les industries de l’aluminium. En 1935, le bois ne l’inspire pas moins heureu-sement et il renouvela les meubles issus de cet antique matériau. A peine à Berlin, Breuer non seulement étudie l’architecture, mais bâtit et innove, construisant en 1932, sa première maison complète : murs et équipement domestique. Et déjà, ce qui frappe, dans l’un et l’autre, et qui frappera de plus en plus chez Breuer, bâtisseur de villas et d’immeubles, de magasins, d’écoles, de monastères, de trains ! c’est un fleurissement humain du mobilier en architecture. Chez lui, on ne tombe pas, comme si souvent quand il s’agit de grands immeubles, dans la caisse où déposer les meu-bles ou bien la boîte où ficeler les gens ! Il ne s’agit pas ici seulement d’échelle humaine, que presque tous les bâtisseurs respectent, mais de spiritualité, soucieuse de l’intimité individuelle comme du contact social, non moins que d’un sens plastique, qui enlève à la fonction sa sécheresse, pour l’épanouir en poésie. On sent constamment que ses édifices sont pensés par le dedans. D’autres emploient tout ce que l’industrie d’aujourd’hui met à leur disposition et leurs oeuvres ne sont souvent que coûteux bancs d’essai. Chez Breuer, au contraire, Hongrois élève du Bauhaus allemand et architecte américain, une mesure toute française préside aux innovations. S’agit-il de l’élément esthétique entre tous de la transparence? Il cherche et réussit des architec-tures limpides, mais non ostentatoirement vitrées. Il étudie méthodiquement la fonction « Soleil-Ombre selon le rythme des saisons et des heures et ne permet pas au pan de verre de dévergondage; mais il se garde de lui rogner son envergure et il sait, mieux que quiconque, souffler comme un Jude sa maison de verre. Breuer voit d’instinct l’habitation habitée ! C’est encore aujourd’hui un mérite rare, car de cet accord avec l’usager il fait son style. De même qu’un Perret n’a trop souvent pensé le béton armé du chantier paternel qu’en fonction d’un Français du temps de Louis XVI, Breuer le voit en fonction d’une famille d’aujourd’hui, d’écoliers d’aujourd’hui, de moines d’aujour-d’hui. Il imagine le film de l’usager déambulant, s’asseyant à table ou se reposant dans le séjour, cherchant ou fuyant la clarté, réclamant ou re-fusant le paysage, bref, accomplissant tous les rites liturgiques de la vie intime, simple et sacrée. A-t-on remarqué que certaines architectures ne sont que des meubles grandioses, à l’échelle des foules? Sainte-Marie-des-Fleurs, à Florence, fait marqueterie de la Renaissance, si bien qu’elle semble moins volumineuse au dehors qu’au dedans : où elle paraît vide et nue. La façade de cathédrales romanes, telle Notre-Dame la Grande à Poitiers, compose d’admirables meubles à médailles. Le Palais de Versailles n’est, après tout, que la plus haute marche de son grand perron en cascade, d’où coulent le parc et les jardins. Et pourquoi certaine villette de Provence s’appelle-t-elle la Cadière d’Azur ou Chaise d’Azur ? Breuer est un grand dessinateur de chaises, d’escaliers, qu’il munit de rampes originales, de péristyles pareils à des chapiteaux de cirque (Unesco); de cheminées aux bras prométhéens, le feu de bûches entre les jambes de trains aux wagons et à la locomotive bien emboîtés et soudés, formant une colonne couchée roulante ! Il sait garder dans l’architecture les trouvailles d’ingéniosité, de sobriété, de pureté si généreusement répandues à l’intérieur. Dans des proportions, souvent de Palais des Doges, des fenêtres en meurtrières pacifiques et fines, meublent une façade, cependant que celle opposée est rythmée par des briques, ajourée en dentelle’ou nid d’abeilles. Ses villas ont des balcons démesurés qui, se décrochant avec une audace calculée, anticipent sur le plein-air, enjambements d’espace sans jambes ni pilotis. Les façades de ses grands immeubles, tâche ingrate, sont frappantes, notamment le projet pour le quartier général de l’Unesco (1), destiné à la Porte Maillot, à Paris (1952), si heureusement venu. Quant à l’église de St-John’s Abbey, sa forme de buffet d’orgues, simple et gran-diose, son clocher si curieusement mince mais quadrangulaire, montrent toute l’originalité plastique qui, dans le détail comme dans l’ensemble, porte la signature de Marcel Breuer. Pier (1) En collaboration avec Zehrfuss et Nervi. FIND ART DOC