COMMERCE ET LOISIRS. SECTEUR RESIOENTIEL. •••■■• if ‘rte t. f SECTEUR DES MINISTERES. PLACE PROPOSEE EN 1936 PAR LE CORBUSIER. CIRCULATIONS. CAMIONS. AUTOMOBILES ET AUTOBUS. Je suis saisi de la beauté du Brésil et du dynamisme de ces habitants. Le niveau de l’architecture contemporaine exprime, mieux que n’importe quoi, la valeur humaine d’une société. Un peuple qui a pu dégager tant de talents, qui a pu se hisser avec tant de courage à l’avant garde de l’architecture, ne peut faire autrement que créer une capitale magnifique et, j’espère, exemplaire. Une telle création est à l’échelle du XX’ siècle. Il faudra que cette capitale soit humaine, c’est-à-dire que ces ,habitants y vivent heureux Il faudra que son architecture puisse, par son harmonie, son unité, conférer à ses habitants une dignité complémentaire, comme l’Acropole en a conféré aux Athéniens. Et pourquoi ne pourrions-nous pas prétendre, en saisissant une occasion aussi unique, de créer une oeuvre qui restera, à travers les siècles, une fierté de notre civilisation ? André SIVE. Je n’ai pas eu l’intention précise de participer au concours, j’ai livré une solution possible que je n’ai pas cherchée, qui a surgi pour ainsi dire toute prête. je n’ai pas étudié le pr,,jet en technicien, je n’ai même pas d’agence, mais en « franc-tireur » de l’urbanisme ; je ne prétends d’ailleurs pas suivre le développement de l’idée exprimée, sauf, peut-être, en. certains cds, au titre de consultant. Si je fais preuve de candeur en agissant ainsi, c’est par un raisonnement très simple : ou la suggestion est jugée valable et les données de plan, bien que sommaires, sont suffisantes et se révéleront, malgré leur spon-tanéité profondément réfléchies et précises, ou la suggestion est repoussée et je n’aurai ni perdu mon temps ni pris celui des autres. Le programme a été axé sur la recherche de l’essentiel : la conception de la ville du point de vue de l’urbanisme. Cette ville qui n’est pas la consé-quence d’une planification régionale, mais la cause, cette ville qui contient en soi sa propre raison d’être. Il s’agit ici d’un acte délibéré de possession, d’un geste de pionnier et l’on demande de concevoir une ville qui ne réponde pas seulement en « urbs », d’une manière satisfaisante aux fonctions vitales propres à une cité moderne, mais en « civitas » et possédant les attributs inhérents à une capitale. Pour atteindre ce but, la première condition est que l’urbaniste porte en lui-même une certaine dignité, une noblesse d’intention, car, de cette attitude fonda-mentale, découlera l’ordonnancement, le sens de la fonction et de la mesure capables de donner à l’ensemble projeté le caractère monumental recherché. Monumental, non dans un sens d’ostentation, mais dans celui de l’expression concrète, pour ainsi dire, consciente de ce qui, réellement, vaut et signifie quelque chose. Une ville conçue pour le travail ordonné et efficient, mais en même temps une cité vivante et agréable, propre aux spéculations intellec-tuelles et qui puisse devenir avec le temps, non seulement un centre gouver-nemental et administratif, mais un des foyers culturels les plus brillants et sensibles du pays. Comment est née, comment s’est définie et résolue la solution proposée ? Elle est née du geste ancestral de qui signale une place et d’elle prend possession. Deux axes se croisant à angle droit, c’est le signe même de la croix. Il a été recherché ensuite l’adaptation à la topographie du terrain, l’écoulement naturel des eaux, la meilleure orientation, en courbant l’un des axes afin de le contenir dans le triangle équilatéral qui correspond à la sur-face urbanisée. Puis l’intention a été d’appliquer les principes des techniques routières, y compris l’élimination des croisements à l’urbanisme, en donnant à l’axe recourbé qui correspond aux voies naturelles d’accès la fonction de voie princ-i pale, avec piste centrale de circulation rapide et, de part et d’autre, voies de circulations locales. C’est le long de cet axe que s’organise l’ensemble des secteurs résidentiels. En conséquence de cette concentration résidentielle, les centres civiques, administratifs, culturels, de loisirs, de sports, ainsi que la gare, les casernes, entrepôts, petites industries locales se sont naturellement disposées et ordonnées le long de l’axe transversal qui est ainsi devenue l’axe monumental du sys-tème. Latéralement, à l’intersection des deux axes, mais participant du point de vue fonctionnel à l’axe monumental, ont été placés, d’un côté, les banques et immeubles de bureaux, de l’autre les grands magasins de détail. Le croisement de l’axe monumental avec la voie de circulation inférieure desservant le secteur résidentiel a imposé la création d’une vaste « plate-forme », indépendante du trafic passager, lieu où se concentrent logique-ment : restaurants, cinémas, théâtres… Les voies de desserte des1 autres secteurs sont prévues à sens uniques, au niveau inférieur sous la plate-forme, ainsi que des espaces de parking et une gare routière interurbaine accessible depuis la plate-forme même. De cette manière, au moyen d’un noeud routier complet (trèfle à trois feuilles), la circulation des automobiles et des autobus s’effectue sans aucun croisement. La circulation des camions est prévue selon un système secondaire autonome avec croisements munis de signaux lumineux. Comment s’articulent les divers secteurs à partir de cette structure que représentent les voies de circulation ? De l’ensemble se détachent les édifices destinés aux pouvoirs fondamentaux : législatif, exécutif, judiciaire. Etant au nombre de trois et autonomes, ils trouvent dans le triangle équilatéral lié à l’architecture de la plus haute antiquité la forme élémentaire appropriée pour les contenir. Un terre-plein surélevé a été prévu à cet effet et les trois édi-fices occupent chacun des angles. La transposition de cette technique orientale du terre-plein assure l’unité de l’ensemble et lui confère une grandeur cer-taine. Une esplanade prolonge ce terre-plein, le long de laquelle seront implantés les divers ministères, et sur une place en retrait, la cathédrale. La partie de la plate-forme qui fait face aux ministères ne sera pas cons-truite, mais réservée à l’édification ultérieure de l’Opéra. Du côté opposé, là où a été prévu le centre des loisirs, cinémas et théâtres soumis à des gabarits rigoureux, qui constitue un ensemble avec portiques, ample chaussée-promenade, terrasses, cafés, etc. Le rez-de-chaussée doit être laissé libre afin d’assurer la continuité de la perspective et les étages sur pilotis devront être entièrement vitrés pour offrir aux restaurants et clubs des vues dégagées d’un côté sur l’esplanade, de l’autre sur un parc où seront groupés les hôtels et sur la tour des stations de radio et de télévision, élément plastique de la composition. La localisation de quartiers d’habitation aux bards du lac a été évitée afin de lui conserver son caractère authentique, ses bois et ses prairies. Seuls quelques clubs pourraient y être construits ; de même l’aéroport définitif pour-rait être situé entre le lac et la ville afin d’en éviter la traversée ou le contour. Pour disposer du sol et pouvoir faire appel aux capitaux privés, les terrains des secteurs d’habitation ne devraient pas être lotis mais plutôt répartis en quote-parts dont la valeur sera fonction des servitudes imposées et des gabarits afin de ne pas entraver la réalisation du plan actuel et des modifications qui pourraient intervenir. Cette planification devrait d’ailleurs précéder la vente des quote-parts, mais les acheteurs d’un nombre important de ces quote-parts pourraient soumettre des projets particuliers d’aménagement d’un bloc. En conclusion, la solution apparaît claire et d’une exécution facile : deux axes, deux terre-pleins, une platef orme, deux larges voies automobiles dans un sens et une route dans l’autre, dont la réalisation pourrait avoir lieu par étapes : tout d’abord piste centrale, puis voies latérales suivant le développement nor de la ville. Les immeubles d’habitation s’élèveraient librement à l’intéri des espaces prévus entre les bandes vertes contiguës aux voies de circulati en réservant au sol pelouses et jardins, sans chaussée, sans trottoir. Lucio COST