Sophie Taeuber-Arp, relief. 1938. Mortensen, mosalque. Tinguely, relief. les expositions a Paris par Léon Degand et Guy Habasque. Reliefs, collages, gouaches, mosaïques. André Bloc, collage. Vasarely, collages. Magnelli, collage. 11tillitY//41111 La dernière exposition de la Galerie Denise René ne comportait ni titre ni programme ; il s’agissait plutôt d’une sorte de confrontation entre les réalisa-tions de quelques maîtres de l’Art abstrait et celles d’artistes plus jeunes dont la production reste susceptible d’évoluer encore considérablement. Parmi les premiers une place de choix était réservée à Arp et S. Taeuber-Arp à qui une salle entière était dédiée. Hormis deux collages récents de Jeun Arp, d’ailleurs excellents, les pièces exposées étaient en général connues des ama-teurs. Il serait hors de propos de situer ici, en quelques lignes, l’apport de ces deux artistes. On se contentera de remarquer la divergence de leurs tempé• raments et de leurs tendances au sein d’un même made d’expression. Alors que Jean Arp dans ses collages et plus encore dans ses sculptures — Hurlou par exemple — explore les limites d’un monde plastique purement sensoriel dans lequel les valeurs sensitives comptent plus en dernière analyse que la construc-tion même de l’oeuvre, Sophie Taeuber, tout en basant également son langage sur les sensations, soumet celles-ci à une architecture beaucoup plus affirmée. Telles de ses aquarelles, L’Echelonnement de 1934, en particulier, au dynamisme volontairement modulé, annoncent par certains côtés les recherches les plus récentes. Deux aquarelles de Picabia et quelques collages de Schwitters com-plétaient ce rappel des tendances abstraites de Dada. Trois autres aînés figuraient encore à cette exposition : Sonia Delaunay, Magnelli et Herbin. Des gouaches relativement récentes de ce dernier (Jaune, 1946; Paul, 1948 ; Six, 1950) faisaient naturellement appel au vocabulaire sym-bolique que s’est forgé cet artiste que je n’arrive pas à considérer comme un maître. La transposition et la systématisation du Sonnet des Voyelles no me semblent pas sut fisantes pour créer un langage plastique valable. L’univers de Sonia Delaunay est autrement vivant et fertile. Poursuivant depuis plus de quarante ans des recherches semblables à celles de son mari, elle a su garder sa personnalité originale et montre ainsi que la création d’un « ordre coloré nouveau • n’était pas la réussite personnelle et accidentelle d’un peintre de génie, mais bel et bien la découverte d’un mode d’exorsssion complet en lui et répondant parfaitement aux exigences de l’époque. Ici la richesse de l’expé-24 Sonia Delaunay, gouache. Arp, collage. –1-11111k rience sensible ne laisse aucune place aux fumées de la théorie. Enfin un unique exemplaire invitait le public à aller visiter à la Galerie Berggruen la belle exposition des collages de Magnelli qui forment une des meilleures parts de l’ceuvre de ce remarquable constructeur. Les envois des artistes des générations plus récentes — trois oeuvres d’Agam, une grande sculpture de tôle (premier essai dans cette voie si je ne m’abusle) et des collages de Bloc, des gouaches de Deyrolle et de Mortensen (lequel présentait aussi une belle mosaïque), des dessins de Seuphor, des oeuvres cinétiques de Vasarely et de Soto et des tableaux en mouvement de Tinguely — étaient trop nombreux pour que nous puissions les détailler à loisir. Il était d’ailleurs impossible de tirer des conclusions sur la position respective de ces artistes, leurs oeuvres n’étant pas toujours récentes et ne représentant souvent qu’un aspect partiel de leurs activités. En fait, la seule tendance commune nettement affirmée était celle représentée par Vasarely, Soto, Agam et Tinguely. Certes. ces quatre artistes ne forment pas un mouvement à propre-ment parler ; leurs moyens d’expression diffèrent sur bien des points. Il n’en est pas moins indéniable qu’ils sont liés par un certain ordre de recherches et partagent de nombreuses aspirations. Pour eux, en particulier, le mouvement est devenu un élément essentiel de l’oeuvre d’art, qu’il soit obtenu par le dépla-cement du spectateur (Vasarely, Soto, parfois Agam) ou par la mobilité méca-nique (Tinguely) ou manuelle (Agam) de rceuvre elle-même. Cette volonté de dynamisme les a conduit, d’autre part, à rechercher des techniques nouvelles mieux adaptées à la traduction du mouvement que la technique picturale tradi-tionnelle. Leur langage, enfin, loin de faire appel à des valeurs subjectives difficilement transmissibles est basé sur un répertoire de sensations objectives et logiques dont sortira bientôt, j’en suis certain, un système de signes neuf et cohérent répondant aux nécessités de notre civilisation technicienne et seul capable de l’exprimer réellement. Au total, un exposition intéressante, mais trop fragmentaire René.) G HND ART DOC,