Peinture mobile Le mouvement est un élément essentiel de la civilisation techni-cienne actuelle, aucune branche de l’activité humaine ne saurait l’igno-rer ou le refuser. Mais il n’est pas seulement une nécessité de tait, il est encore devenu un besoin réel et profond pour l’homme moderne, un réservoir inépuisable de sensations toujours renouvelées et une source de satisfactions esthétiques. Il est donc naturel que l’art, expression des plus élevées de l’esprit humain, lui ait réservé une part de plus en plus importante et que le mouvement soit aujourd’hui aussi inséparable de l’espace plastique que de l’espace physique, le premier étant la traduc-tion sensible du second. Depuis près de cinquante ans, les artistes dont l’intuition aiguë pres-sent, devance et instaure la vision de leur époque, ont sans cesse tra-vaillé à intégrer le mouvement à la peinture et à la sculpture. Des pre-mières recherches inabouties du Futurisme aux peintures dynamiques de Delaunay ou au constructivisme des frères Pevsner, un grand chemin a déjà été parcouru. Nicolas Sciant-fer vient de franchir une nouvelle étape en introduisant le mouvement réel sur l’écran plastique. Celtes, les pionniers du cinéma artistique l’ont devancé dans cette voie, mais, en dépit des apparences, la peinture mobile est peut-être plus riche d’as-pects changeants qu’un simple film. Surtout elle permet d’obtenir des ta-bleaux en mouvement avec une faci-lité déconcertante, sans le long et coûteux travail de préparation des laboratoires. Un projecteur braqué sur une sculpture spatiodynamique tournant sur un socle mobile, quel-ques caches colorés et le spectacle commence. « J’aime l’art d’aujourd’hui —disait Apollinaire — parce que j’aime avant tout la lumière et tous les hommes aiment avant tout la lumière ; ils ont inventé le feu. Aussi mobiles, aussi immatérielles et aussi diversement colorées que le feu dont elles ont le pouvoir de fascina-tion, les projections de Schâffer conservent toujours, cependant, une construction nette et claire grâce aux structures orthogonales que leur im-pose la sculpture placée derrière l’écran. Elles apporteront, n’en dou-tons pas, un enrichissement considé-rable aux spectacles abstraits des cités de demain. Guy HABASQUE. Projections optiques polychromées, en mouvement, réalisées à partir d’une sculpture spatiodynamiaue de Nicolas Schaller. Photo Maurice Jeaume Photos Brissot