Parmi les trajets à longue distance, les mêmes principes prévalurent. Le « Freeway » inter-Etats, appelé « Turnpike », permet de gagner du temps. Il est aussi plus sûr et économique que la route classique. La pre-mière réalisation de ce genre fut le « Pennsylvania Turnpike qui traverse l’Etat du même nom en un parcours réputé. Depuis, d’autres ont suivi et l’on vient récemment de voter l’adoption du projet d’aménagement d’un vaste réseau national. La somme fantastique de 50 billions (2) de dollars doit être dépensée en dix ans pour l’exécution de ce projet. Ce sera la plus importante réalisation de génie civil entreprise aux Etats-Unis à ce jour. Il n’est pas nécessaire d’insister davantage pour montrer l’importance que l’on accorde en ce pays à la solution des problèmes posés par la circulation. Nous allons maintenant essayer d’analyser sur le triple plan technique, économique et social, le phénomène de la croissance des « Freeways », montrant non seulement leur succès, mais aussi les problèmes qu’ils posent et les espoirs qu’il est permis de fonder sur eux. La réussite est plus qu’évidente. La technique des « Freeways » a pro-gressé rapidement grâce à l’expérience. On apprit à supprimer au maximum les sources de conflits qui ralentissent l’écoulement du trafic. On se rendit compte qu’il fallait augmenter le nombre des flots, couram-ment quatre dans chaque direction, ainsi que leur largeur ; adapter une large bande médiane libre et des bas-côtés où l’automobiliste puisse se garer en cas de nécessité ; diminuer les pentes et augmenter les rayons de courbure ; créer des flots supplémentaires aux accès pour permettre aux voitures d’atteindre la vitesse du trafic avant de s’y incorporer ; enfin installer une signalisation efficace. On essaya de nouveaux systèmes de croisements, tel le fameux « interchange • à quatre niveaux en fleur de lys, de Los Angeles. On découvrit aussi qu’il fallait prévoir large, car la nouvelle facilité encourage une augmentation du trafic et peut s’avérer rapidement insuffi-sante. La circulation sur un « Freeway » huit flots peut facilement atteindre en pointe le chiffre de 5.500 voitures à l’heure pour chaque direction avec une vitesse moyenne de 70 kilomètres/heure. Il n’est pas rare alors de circuler par quatre voitures de front. Cependant, même les Freeways » ont leurs crises. Si la densité cri-tique vient à être dépassée ou si un flot vient à être bloqué pour raison d’accident, il en résulte une diminution de la vitesse d’écoulement et des embouteillages qui peuvent se répercuter pendant plusieurs heures sur l’allure du trafic. Quand une section se trouve bloquée, l’automobiliste est alerté par radio. Mais il a été reconnu que le pourcentage des accidents sur « Freeway est bien moins élevé que celui des voies traditionnelles. Le principal f ac-teur de sécurité est la vitesse constante du trafic. C’est pourquoi l’on pénalise les voitures trop lentes au même titre que celles en excès de vitesse. A ce titre, il faut reconnaître la discipline du chauffeur américain et l’efficacité de la police de la route. Sur le plan économique, le « Freeway » est également une réussite par l’intensification des échanges. Certes, sa construction réclame un investis-sement très important, mais l’expérience prouve qu’il est payant. Les pre-miers tronçons furent réalisés grâce aux emprunts de l’initiative privée et remboursés par une taxe de passage prélevée sur l’usager. Actuellement, la tendance est vers une prise en charge générale par l’Etat des nouvelles réalisations, grâce à l’application d’une taxe sur l’essence et les pneus. A l’actif des « Freeways », il faut signaler un nouvel essor du quartier dès affaires et du commerce dans le « Downtown qui avait été délaissé à cause de ses difficultés d’accès, ceci en connexion avec l’aménagement de vastes parcs à voitures, la création à la périphérie des villes de larges développements résidentiels et de leurs « Shopping-Centers », centres com-merciaux d’un type nouveau. Enfin, la construction des « Freeways » est en elle-même une opération saine pour l’économie du pays, par l’élan nouveau qu’elle procure à de nombreux corps de métiers, y compris celui de l’industrie automobile et par les nombreux emplois qu’elle crée. Pour l’usager, l’utilisation du « Freeway » est une source d’économies. Tout d’abord de son temps, ensuite d’essence et de frais d’entretien pour sa voiture. Il a été prouvé qu’une automobile, avec la même quantité d’essence, pouvait parcourir deux fois plus de kilomètres sur « Freeway que dans l’encombrement des rues à feux rouges. Ces économies finissent par chiffrer quand l’on sait qu’aux Etats-Unis 75 % du fret est transporté par camions et 25 % des déplacements « ville à ville » de la population se font par route. C’est sur le plan social que le bilan des « Freeways » est le moins évident. Il est certes bien plus difficile à établir et peu d’études ont entreprises en ce domaine. Il ne fait pas de doute que les courants cré par ce nouveau mode de circulation provoquèrent par des réactions (1) Le « Freewaméricain correspond à l’autoroute européenne. (2) Le billion U.SS.A. correspond à notre milliard. FIND ART, DOC