12 LE BOUQUET JAUNE LE PHILODENDRON 1952 PHOTOS G 4LERIE MAEGHT sI l’art de Braque fait corps avec la France, c’est en vain qu’on cherchera dans son oeuvre des images qui suggèrent ce pays ou des signes qui trahissent ses caractères ethniques. Georges Braque est Français parce que ses calculs de probabilité et ses spéculations sont transcrits en chiffres clairs. Son esthétique n’est pas une poésie étrangère au sujet. Elle découle du métier. Elle en est l’émanation directe. Le peintre résout ses équations plastiques le pinceau à la main. Sa vérité réside dans cette humilité, dans cette intelligence des lois de la couleur et dans cette conception artisanale de l’art. Georges Braque dispose d’une gamme volontairement réduite, mais ne chante jamais faux. Ses Cahiers nous révèlent le cheminement d’une pensée dont la pénétration et la rigueur surprennent. Mais si capable qu’il soit de s’abstraire de la réalité, l’artiste compense ce détachement. Qu’il brouille les images, en dépouillant les formes et en les réduisant à l’état de schémas ou qu’il leur restitue leur apparence visible, il communique des impressions de vie. Sa quête d’un art pur n’a pas eu pour effet d’atrophier sa sensibilité. Sa perception des choses n’est pas moins aiguë que celle d’un primitif. Son labeur est celui d’un ouvrier des villes. Son hérédité de peintre en bâtiment l’a marqué pour toujours. Dans ses formes d’expression les plus hautes, il rejoint Manet et les vieux peintres d’enseignes de l’ Ile de France. Dans la grandeur présente de Georges Braque la part de son apprentissage et de sa filiation ne peut être contestée. Ce peintre qui révise