Non, l’art industriel français n’est pas au point mort. Rien ne semble justifier le pessimisme latent des producteurs et des consommateurs, l’indifférence ou l’incompréhension des Pouvoirs Publics et le manque de confiance d’une presse qui refuse de voir clair. La France a piétiné pendant quelques années. Elle a opéré un retour sur elle-même et s’est interrogée. Elle repart aujourd’hui à la conquête d’un répertoire nouveau, affronte des problèmes neufs et fait peau neuve. Des formes naissent sous nos yeux. Ces formes sont inédites. Elles remplissent leurs fonctions ; elles s’y adaptent d’une manière étroite. Leur beauté est liée non point aux rappels du passé, mais à l’alliance de certains matériaux, à leur architecture et à leur confection. Les matériaux employés par Adnet sont le fer, le cuir et le bois. Le fer, gainé de cuir, tient lieu de squelette à ses meubles fabriqués comme de petits éléments de charpentes métalliques, mais humanisés par un dessin vibrant et par une sobre parure. Le bois n’est pas chevillé. Contrairement à la grande tradition de la menuiserie et l’ébénisterie, les membres d’un meuble en chêne sont vissés d’une façon apparente de manière à en faciliter le démontage et l’emballage. Chaque meuble s’adapte aux exigences complexes de la vie domestique. Le fauteuil de RAYONNAGES A LIVRE EN ACAJOU ET MONTURE MÉTALLIQUE GAINÉE DE CUIR II ANE A GAUCHE: DEUX TABLES•BUREAU ÉGALEMENT GAINÉES DE CUIR repos et de conversation se prête à la lecture et comporte, fixé à l’accoudoir, un grand portefeuille qui permet de ranger les livres et les revues. Un autre meuble que nous reproduisons peut être qualifié de classeur-bibliothèque. Un disque en verre, large de vingt centimètres, placé sous une table circulaire dont le plateau est également en verre, peut servir de vide-poche. Telles les pièces de certaines demeures contemporaines, les meubles de Jacques Adnet peuvent avoir plus d’une destination. On pourrait les décrire en passant sous silence l’apport esthétique et plastique que représentent ces sièges traités comme des épures et comme des réceptacles parfaits du corps humain, ces bureaux, dont l’échelle a été étudiée avec l’aide effective des hygiénistes et des anatomistes et ces fauteuils, à angles d’inclinaison variables, propices au délassement. Nous tenons à souligner l’impression d’harmonie audacieuse et le caractère de dépouillement extrême de ces volumes qui, tout en s’écartant des lieux-communs de l’art décoratif, animent l’espace et contribuent à créer un décor qui convient à l’homme du X—FIND ART DOC