FIND ART DOCd 28 martre de jadis aux murs blêmes et lézardés, aux palissades dis-jointes cachant mal les plâtras sous la végétation campagnarde des enclos, dont il traduit le charme sans nous lasser. Peut-être doit-il à son père  » le trocbadour ce goût qu’il éprouva de bonne heure pour les vieux moulins de la Butte, les cabarets et les bistrots. La seule fois qu’il m’en a parlé, dans un subit assombrissement, j’ai pu comprendre que, comme Suzanne, il ne reniait rien de cette trouble origine. Cependant qui dira jamais son apport personnel s’il ignore ce que ce Montmartre dont il est le plus grand peintre, représentait de dangers et de menaces pour lui quand il enjambait, à la nuit, la barre d’appui de sa fenêtre pour sauter dans la rue ? Je ne voudrais pas me répéter : cependant, il y a dans cette posses-sion l’explication d’une partie, la plus émouvante, de son œuvre. j’ai vu Maurice couché dans le ruisseau, je l’ai vu s’affaler de sa chaise sur le carreau de « La belle Gabrielle », je l’ai vu se sauver en se heurtant aux murs dans des rues noires, après minuit, pour échapper aux flics, et entendu pousser des vociférations quand ceux-ci l’en-traînaient au poste. On ne connais-sait guère alors l’admirable peintre qu’il était. Les marchands de ta-bleaux ne croyaient pas en lui. Il n’exposait chez aucun d’eux. Au « Lapin », Frédéric possédait deux cartons de Maurice qu’il avait ache-tés dans le prix de la licence d’Adèle avec le fonds, et Marie, quand elle montrait les toiles qu’il lui avait données en échange de ses complaisances, hochait la tête d’un air de dire qu’elle avait été trop bonne fille d’accepter de se faire ‘payer ainsi. Les seuls collectionneurs qui, comme Libaude, se jugeaient ridicules d’acheter des tableaux qui ne se vendaient pas, les conservaient, rangés contre le mur et ne les montraient quelque-fois qu’à de rares « fouineurs » incapables eux non plus d’appré-cier la peinture d’ Utrillo. Celui-ci pouvait donc hurler et ameuter le quartier lorsque les représentants de l’ordre l’emballaient rue Lambert. — Ah ! te voilà ! s’exclamaient-ils. Et encore saoul… — Au fou ! renchérissaient des voix. — Non ! Vaches, sales vaches, pas fou ! protestait Utrillo. Des coups l’atteignaient en pleine face jusqu’à ce que l’infortuné cessât de regimber et c’est brisé, meurtri, les vêtements en lambeaux, mais « pas fou, non, sales vaches! » que le lendemain Maumau sortait du poste où il avait achevé la nuit. — Ah ! les agents, me dit-il quand j’allai le voir l’hiver dernier au Vésinet en compagnie de son marchand, l’élégant, enthousiaste et subtil Pétridès, oui, les agents… quelles trempes, tu penses, ils m’ont filées. — Et… pas fou? — Allons donc ! c’est eux qui l’étaient, fous ! intervint Pétridès de peur que son poulain ne réagit trop vivement. Et comment ? Fous à lier ! La preuve est qu’ils n’achetaient pas même quarante sous une toile à Monsieur Utrillo, et quelle vaudrait aujourd’hui huit cent mille francs. E TEXTE E,T EXTRAIT DE MONTMARTRE DE MAURICE UTRILLO » PAR ER SNI I, II( 0 ( Élrrrio,› pi I 11117,