la silhouette intacte mais déjà délabrée de l’hôtel La Vau-palière derrière son jardin abandonné… et protégeons-le, ce dernier logis Louis XVI de l’avenue Matignon des spéculateurs sans scrupules. Le Faubourg Saint-Germain, le moins atteint de tous, est resté protégé par les Invalides et leur esplanade contre les avenues contemporaines et n’a perdu que fort peu de ses maisons de plaisance. On peut y étudier l’évolution de l’architecture élégante au xvine siècle, comme on étudie au Marais celle du siècle précédent. Boffrand a dessiné la façade concave aux pilastres simples de l’hôtel Amelot de Gournay. Gabriel père et Aubert ont édifié celui de Peyrenc de Moras, perruquier enrichi qui passa au maréchal de Biron, amateur de jardins, puis à des bonnes soeurs qui le transmirent à Rodin dont les oeuvres y sont conser-vées. Lassurance, Courtonne, Cherpitel, Legrand sont les pères de ces frontons et de ces entablements, de ces corniches et de ces balustrades. Taro a ciselé les portes de l’hôtel Clermont-Tonnerre en 1709 et Clodion les bas-reliefs de l’hôtel de Salm. La majorité de ces demeures reste difficilement accessible. Espérons que la Demeure Historique pourra nous faire ouvrir de temps en temps quelques portes constamment closes ! C’est avec tristesse que nous jetons nos regards sur les rives des boulevards en deuil de tant de nobles édifices… Où sont les hôtels Crozat, Louvois, Mont-morency-Luxembourg, Choiseul, Gramont, d Argenson, Pinon, Richelieu ? Le pavillon de Hanovre s’est envolé l’un des derniers naguère pour laisser sa place au prétentieux•et hideux Palais Berlitz. Williams a achevé de défigurer le svelte hôtel Deshayes, à l’angle de la rue Caumartin; l’hôtel Montholon n’a plus conservé de Soufflot-le-Romain que ses grandes colonnes d’ordre colossal. Les boutiques de son rez-de-chaussée battent un record de cacophonie. Il faut aller loin pour découvrir l’hôtel Gouthière… les charmants édifices de Ledoux ou de Bellanger qui décoraient la Chaussée d’Antin, paradis des impures, ont tous disparu. Après les décevantes images du pavillon de Julienne, hangar à bois et charbon, et de tant de belles de-meures à demi abandonnées, voici sous la forme d’es-tampes la nécropole des maisons évanouies, les ombres de ces colonnades et de ces trophées de pierre qui s’appelaient Lesdiguières ou Aubriot, Bretonvilliers ou Guimard, Luynes ou Tamponneau, Samuel Bernard ou la Trémoïlle. Par quoi les a-t-on remplacées ? Des rues grises, des immeubles vétustes, rien qui méritât leur mort. Accompagnées de cartes ex-trêmement séduisantes du Paris révolutionnaire et du Paris de 1945 avec leurs hôtels survi-vants et la mention des victimes principales, la partie documentaire de l’exposition demeure toute prête à devenir nomade et à porter, de capitale en capitale les aspects si variés des richesses architecturales de Paris. Quelques conférences aidant, c’est le rayon-nement même de la Ville-Lumière qui se transportera avec elle à travers le monde. La seconde partie, consacrée aux plus beaux inté-rieurs de qualité, ne put être réalisée qu’avec le bien-veillant concours de M. Danis, directeur général de l’architecture, et parfait restaurateur de l’hôtel de Rohan-Strasbourg, qui permit la présentation des boiseries garées pendant la guerre dans les raves du Panthéon, et des plus célèbres collectionneurs de Paris. Dite à tort cabinet de Sully, la chambre de la ma-réchale de la Meilleraie, née Cossé-Brissac, peinte à l’Arsenal, en 1637, par Simon Vouet, et un peu bru-talement restaurée il y a cinquante ans, représentait le règne de Louis XIII. On y trouvait un décor moins élégant mais proche parent de celui de l’hôtel Lauzun, exécuté pour Gruyn des Bordes vingt ans plus tard. De belles portes dorées encadraient une cheminée de marbre portant une glace sommée d’oiseaux, très simple et suffisante synthèse du style Louis XIV. La Régence et le style Louis XV eurent la chance d’être représentés par les plus étonnants morceaux du monde. Ces médaillons dorés des Fables d’Esope, entourés de guirlandes légères et soutenus de coquilles rares, furent dessinés par Boffrand lui-même pour le cabinet vert de l’hôtel Soubise, et la Singerie d’Huet où les singes sont à vrai dire en minorité entre les chinois et les oiseaux rares leur faisait face avec la sérénité que donne la sécurité d’être de la même classe. La bibliothèque de l’hôtel La Bourdonnais, le salon de la Reine. Hortense dont les panneaux étaient peints par Prudhon menaient au Directoire. Sous l’Empire, les ébénistes connaissaient encore les meilleurs principes et, si le mobilier étrange de la Duchesse de Berry, qui avait retrouvé les tentures de la chambre de Louis XVIII aux Tuileries, à fleurs de lys d’or sur velours bleu Raymond, étonnait un peu nos regards, la qualité de son bois et la forme’ audacieuse de ses volumes séduisaient notre goût. Ce n’est qu’à partir du , ‘I  » DIRECTOIRE * DIRECTOIRE PERIOD DRAWING-ROOM  » SECOND EMPIRE SALON * SECOND EMPIRE PERIOD DRAWING-ROOM (COLL. GROGNOT ET JOINEL) Photos René Jacques (COLL. JACQUES DAMIOT) FIND ART DOC