LA PORTE ST-BERNARD, PAR FRANÇOIS BLONDEL, D’APRÈS UNE GRAVURE DE L’ÉPOQUE * THE ST-BERNA R D GATE, BY FRANÇOIS BLONDEL, AFTER A CONTEMPORAR I PIERR ES PR C 1 FUSES DE F’1,11IS Le grand massacre des églises médiévales plus ou Moins désaffectées de la capitale eut lieu sous le Consulat. Alors parut le Génie du Christianisme ; ses appels en faveur du style gothique surent créer: le courant de sympathie que Victor Hugo amplifia avee Notre-Dame de Paris. Depuis lors, on nous gave de pastiches, on rajeunit à tours de bras flèches et portails. Qui oserait porter la main sur un gâble ou sur un pinacle ? Les pierres précieuses de l’architecture civile privée ont eu les honneurs de tous nos guides du xviire siècle, de Germain Brice à Jailliot. Elles n’ont pas obtenu plus de quelques pages dans le copieux et érudit Itinéraire archéologique de Guilhermy paru sous le Second Empire. Qui, en dehors des spécialistes, vante aujourd’hui les Du Cerceau, les Mansart et les Gabriel ? Les platoniques oraisons funèbres de la Commission du Vieux Paris, prononcées au fur et à mesure des disparitions de nos vieux logis, n’ont jamais ému la foule, ni même touché l’élite du public français. Les supplications d’un André Hallays, d’un Lenôtre ou d’un Pierre Champion, n’ont averti que quelques intellectuels impuissants à arrêter la machine admi-nistrative lente et insensible. Que pouvait-on tenter pour permettre à des milliers et des milliers de Parisiens de connaître les trésors si proches qu’ils ignorent et pour leur faire prendre conscience des dangers qui les guettent, pour qu’ils apprennent à les protéger et à en tirer profit en les mettant en valeur, pour qu’ils y prennent les meilleures leçons d’esthétique… sans se déranger, en leur consacrant un quart d’heure de métro à peine et le temps d’y porter leur regard ? Le Comité de Paris du Commissariat Général au Tourisme a choisi le beau cadre du Pavillon de Marsan pour présenter son premier inventaire des richesses d’art de la France, celui des demeures historiques de Paris. Jean-Charles Moreux, avec son goût éclairé, soutenu par sa parfaite connaissance de l’histoire des décors urbains, a réalisé la belle présentation des salles où un tissu rouge riche et chaud, relevé par des lignes blanches et vertes, servait de fond à trois cents admi-rables photographies de Marcel Bovis, René-Jacques, Goursat, 2 d’Heilly ou Laure Albin-Guillot, agrandies au même format et présentées par quartiers résidentiels. Au sommet de l’escalier du Musée des Arts Décoratifs, le chef-d’œuvre de François Blondel, la Porte Saint-Bernard, née comme sa soeur, la Porte Saint-Denis, en if 7o, mais sur le quai de la Tournelle. un peu en amont du pont, avait été reconstituée avec ses bas-reliefs de Tuby. Sous ses arches jumelles, on apercevait déjà les images des plus nobles façades (lu Marais. La vieille tour de Jean-sans-Peur, seul vestige de l’hôtel de Bourgogne, rue Étienne-Marcel, ouvrait la série où étaient juxtaposées les façades de l’hôtel d’Aumont et de l’hôtel de Sully, les portes de l’hôtel de Châlons-Luxembourg et de l’hôtel des Ambassadeurs de Hollande, les cours de l’hôtel Carnavalet et de l’hôtel de Beauvais. Le grand siècle, qui naît place des Vosges et meurt avec le magnifique hôtel de Rohan-Soubise dans ce quartier que l’on abandonnera ensuite pour ceux de l’ouest, a laissé des oeuvres maîtresses entre la Bastille et le Temple. Hardouin-Mansart a construit pour lui l’hôtel Sagonne. Robert de Cotte élèvera le sien quai d’Orsay et, à la fin du xviiie siècle, Rousseau, le charmant auteur de notre grande Chancellerie de la Légion d’honneur, hôtel de Salm-Kyrburg, édifiera sa maison tout contre la barrière Pigalle, notre place du même nom, où elle subsiste, méconnue, au fond d’une cour. On comprend un peu la mauvaise humeur de l’officiel et vénéré Hardouin-Mansart, créateur du merveilleux dôme des Invalides, alliance des génies de la Sainte-Chapelle et de Saint-Pierre-de-Rome, devant la réussite double de Delamaire avec ses hôtels Soubise et Strasbourg, et la chronique nous rapporte que lorsqu’on parlait de ces maisons devant Louis XIV, le monarque souriait « par différence du sieur Mansart qui ne répondait rien sur l’ouvrage et parlait fort mal de l’archi-tecte ». Le Faubourg Saint-Honoré était sous le signe de Gabriel dont le plan aquarelle de la place Louis XV, approuvé de la main du monarque, illuminait un panneau central. Détac de bien des façades un peu trop refaites au milieu du ‘axe s: FIND ART DOC