Les plus typiques sont ceux des paysages alpestres ou mari-times profanés par des panneaux-réclames et des villages cen-tenaires, construits en matériaux locaux, où surgissent des maisons qui s’écartent brutalement de la norme et de la tradi-tion. Certains exemples viennent d’en haut, c’est-à-dire de l’administration. La Mairie et l’École, sans parler de douches municipales, n’illustrent que trop souvent la laideur officielle. C’est par une législation appropriée et par: l’éducation des masses qu’on protégera le patrimoine français. Le Commissaire au Tourisme a, d’ores et déjà pris contact avec quelques repré-sentants de la rue de Grenelle et leur a suggéré de donner aux élèves des écoles primaires et secondaires une culture artis-tique. L’idée du beau, dit-il, doit être incorporée dans les leçons de choses. Les Français éduqués, dont le goût aura été formé, seront les plus vigilants défenseurs des beautés naturelles de la France, de ses cités et de ses monuments. Ceci dit, des mesures de sauvegarde doivent être prises. Certaines le sont déjà. Les Services de la Reconstruction exercent un droit de regard sur les initiatives privées. Les régions sinistrées seront recons-truites suivant un plan d’ensemble. Les logis sordides et délabrés qui abondent dans les banlieues pouilleuses seront éliminées. Les mas provençaux en Bretagne et les maisons normandes dans I’lle-de-France ne seront plus que les derniers vestiges d’une époque abolie. D’autres mesures doivent être prises. La France est si riche, dit M. de Segogne, qu’elle ne peut veiller sur la totalité de son patrimoine. Il lui faut choisir ou du moins procéder par paliers. Le Commissaire au Tourisme, d’accord avec le service des Monuments Historiques, préconise le classement d’un grand nombre de châteaux. Mais le classement ne suffit pas toujours. Un régime de dégrèvements devrait être appliqué à des propriétaires qui veillent au prix de cruels sacrifices sur les demeures historiques qu’ils occupent. On peut envisager, aussi, dit M. de Segogne, des affectations nouvelles de châteaux rachetés par l’Etat et les Villes. Elles doivent toutefois être pratiquées avec beaucoup de tact… La beauté paie. La beauté est rentable, conclut le Commis-saire au Tourisme. Voilà une vérité qu’il faut faire pénétrer dans l’esprit des Français I Enlaidir la France, c’est en détourner les visiteurs qui demandent à notre pays d’être un vivant foyer d’harmonie… Il résulte des déclarations de M. de Segogne que le-tourisme est intimement lié à toutes les formes d’activité françaises et qu’il pose des problèmes sociaux et politiques. Nous dirons un jour pourquoi la taxe de luxe, en dressant une cloison étanche entre le public français et les industries françaises de qualité qui ne travaillent que pour l’exportation, risque d’en fausser le goût. De l’avis unanime des producteurs les plus autorisés. Le « banc d’essai » de la clientèle française leur est indispensable. M. de Segogne a promis de tenir les revues d’art au courant des travaux de son Commissariat. Sa prospection des richesses nationales se poursuit. Ses services ont déjà réuni vingt-cinq mille clichés .photographiques. Sa première manifestation publique sera l’exposition des vieux hôtels parisiens au Pavil-lon de Marsan. Art et Industrie en parlera longuement. Avant de terminer nous aimerions faire à M. de Segogne quelques suggestions et quelques observations. Pour attirer en France, les touristes étrangers, il faut équiper nos bureaux de voyage, les doter d’employés capables de guider le public et mettre à leur disposition d’actifs moyens de propagande. Avant la guerre les médecins des cinq parties du monde recevaient gracieusement la luxueuse revue des chemins de fer italiens. Tandis que les offices de voyages étrangers remettaient à tous ceux qui franchissaient leurseuil des monceaux de brochures qui étaient parfois des modèles de mise en page et de typographie; ceux de la S.N.C.F. vendaient fort cher de modestes prospectus. Il faut créer une revue du tourisme et la répandre largement à l’étranger. Il faut multiplier les affiches expressives et révéla-trices des beautés de la France. Il faut organiser des circuits touristiques régionaux et interrégionaux comportant la visite des monuments, des musées et des villes. Nous n’ajouterons point qu’il faut, avant tout, reconstruire l’hôtellerie et former un nou-veau personnel hôtelier, moins ignare que l’ancien. M. le Com-missaire au Tourisme le sait mieux que personne. Il sait aussi que les hôtels français ont tout intérêt à garder un caractère ethnique. Un étranger ne vient point en France pour y retrouver l’atmosphère anonyme des maisons édifiées en série et des cités-standard. Quant au slogan : la beauté paie, nous avouons qu’il nou:, choque. C’est un médiocre article d’exportation… Il n’est pas digne d’un pays comme la France. La beauté est un phe nomène de civilisation ; elle peut devenir rentable. Elle ne peut être fondée sur le culte de l’argent et sur l’appât du gain. W. G. LE GeRANT: M. FOURNY LAYAS ET POPO ffl 210. FAUK SAINT ANTOINE. PARISC/Ilp Pub LA DÉESSE 511 POUR RECONSTRUIRE LA FRANCE BONS DE LA LIBÉRATION a intérêt progressif POUR ÉTRE ASSURÉ DE RECEVOIR REGULIEREME NT « ART ET INDUSTRIE » DONT LA PENURIE DE PAPIER NOUS OBLIGE A LIMITER LE TIRAGE, NOUS NE SAURIONS TROP RECOMMANDER A NOS LECTEURS DE SOUSCRIRE AU PLUS TOT UN ABONNEMENT EN UTILISANT LA FORMULE INSÉRÉE DANS CE NUMERO