RAYMOND SUBES La formation première de ce maitre d’oeuvre est celle d’un artisan. Dès l’âge de douze ans, il va au cours du soir et y acquiert les premiers rudiments du dessin. A quatorze ans, il passe le concours d’entrée de l’École Boulle (1905). Il y apprend la ciselure, le tournage… Après quatre ans d’études et un stage à l’École des Arts Décoratifs, il entre en qualité de dessinateur à l’atelier de ferronnerie que dirige Émile Robert dans les Établis-sements Borderel, usine de constructions métalliques, située rue Damrémont (1911). Subes y travaille quelques mois à peine. En 1912, il est appelé sous les drapeaux. En 1914, il part au front avec son régiment, fait une brillante campagne, est grièvement blessé à la bataille de la Marne et se voit rendu à la vie civile en 1916. Décoré de la médaille militaire et de la croix de guerre, il retourne à Paris. Sa santé est précaire. Émile Robert qui l’accueille dans le petit atelier qu’il vient d’ouvrir à Enghien-les-Bains en Seine-et-Oise croit sa vie menacée. Il lui confie néanmoins des travaux. Il ne s’agit point à cette époque de faire de la ferronnerie d’art. Émile Robert enseigne à quelques apprentis le métier de la forge. Il forme des forgerons, dans toute l’acceptation du terme. Ouvrons ici une parenthèse et rappelons aux jeunes générations, qui ont peut-être tendance à l’oublier, le rôle capital joué par Émile Robert dans la renaissance de la ferronnerie. Ses conceptions esthétiques et son goût peuvent être discutés. Sa connaissance des lois qui régissent le métal et sa magnifique conscience pro-fessionnelle restent un vivant exemple pour les ferron-niers d’aujourd’hui et de demain. Émile Robert mit à Raymond Subes le marteau en mains. Pendant trois ans, celui-ci, délaissant ses recherches personnelles, apprend à forger et travaille à l’étau. Il n’a recours qu’au feu et à la frappe. Les outils que le patron a mis à sa disposition sont les mêmes que ceux dont se servaient les ouvriers médiévaux. Après cette période de dur apprentissage, il connaîtra à fond les secrets d’un métier qui était tombé en désuétude ou qui fut corrompu et auquel il a contribué à rendre tout son prestige. En 1919, il entre comme chef de bureau de dessin chez Ernest Borderel et, après la mort d’Émile Robert, assume la direction de l’atelier de ferronnerie qu’il agrandira et qu’il développera. L’oeuvre de Raymond Subes s’impose par sa diversité et par son importance. Elle comprend tout d’abord les grilles monumentales du Ministère de la Marine Mar-chande, du Musée des Colonies, de l’École des Arts Décoratifs, de l’École Hôtelière, de la Banque de France, de la Banque Nationale du Crédit Industriel, de la National City Bank, etc… Subes a le sens des rapports entre la ferronnerie et l’architecture. Ses grilles animent, 46