souche au début du x siècle. Au xie siècle, un Harcourt combattait à Hasting au côté de Guillaume le Conquérant, prenait sa part à la conquête de l’Angleterre et fondait la branche anglaise de cette famille dont les descendants existent encore. Les chroniqueurs du Moyen Age, Shakespeare lui-même dans ses tragédies nationales, prononcent bien souvent le nom des Harcourt, qui se trouvent mêlés aux guerres, aux négociations des rois de France comme maréchaux, gouverneurs de Province, ambassa-deurs et archevêques. Henry d’Harcourt, Marquis de Beuvron, fut un des plus brillants seigneurs de cette lignée. A l’âge de dix-neuf ans, sous le commandement de Turenne, il avait déjà rendu au roi et à son pays les services les plus éminents, montrant en toutes circonstances une rare prudence et une grande justesse d’esprit. La confiance royale lui valut une ambassade extraordinaire et la con-duite des délicates négociations relatives au testament du roi d’Espagne, Charles II. Har-court, grâce à son habileté, ne fut pas étranger à l’avènement au trône d’Espagne de Philippe, duc d’Anjou, petit-fils de Louis XIV. Le descen-dant de ce brillant ambassadeur, François-Henri d’Harcourt fut gouverneur de Normandie et contribua à la prospérité de cette Province. La lutte sans trêve menée contre l’Angleterre (souci dominant du règne de Louis XVI en politique extérieure) devint le sujet des pré-occupations du châtelain. Il se montra d’une telle hardiesse dans la conception, d’une telle prudence dans l’exécution de ses plans belli-queux que Dumouriez lui-même se plut à recon-naître ses qualités réelles. Le général Dumouriez qui commandait alors en Normandie et qui projetait la prise de l’île de Wight, trouva dans le gouverneur de la Province un conseiller très avisé (1779). Il alla jusqu’à prévoir l’organisa-tion même de l’administration de l’Angleterre une fois le plan de débarquement exécuté. L’ex-pédition demeura à l’état de projet, mais la prolongation de la lutte suggéra l’idée d’établir un grand port sur la Manche qui prit le nom de Cherbourg. Le Duc d’Harcourt en fut un des initiateurs. Louis XVI, frappé des progrès que faisaient les travaux du port, voulut marquer sa satisfaction en priant François-Henry d’Har-court d’être gouverneur du Dauphin. Celui-ci n’accepta qu’à la condition de pouvoir passer toutes ses vacances dans son cher château de Normandie. Là, il aimait à rédiger son traité sur « l’art des jardins » tout en surveillant les travaux d’agrandissement de son parc. Il ne se contentait plus des parterres en terrasses ornés de pièces d’eau qui s’étageaient jusqu’au bord de l’Orne. Il lui fallait, pour être au goût du jour, une autre masse de verdure dont la grâce sinueuse pourrait se faire admirer de l’autre côté LE CHATEAU KPRES L’INCENDIE DE JUIN 1944 • THE CHATEAU AFTER THE FIRE OF JUNE 194 9 FIND ART DOC