qui est de plain-pied avec celui-ci. La chambre de Mme de Maintenon, où Louis XIV la reconduisait après le spectacle, est de dimensions modestes, de même que, plus haut, les appartements de la favorite. Un autre caractère de ces ap-partements, c’est que les peintures en sont murales, ou bien que les murs sont garnis soit de tapisseries, soit de tentures. L’amateur de ta-bleaux avait un cabinet, une galerie. C’est le collectionneur d’il y a vingt ans, le bimbelotier, qui a créé ces pièces où plusieurs meubles de factures différentes ont l’air de se chercher querelle, où les verreries, les porcelaines, les peintures encom-brent le dessus des commodes, des consoles et des tables. Regarde maintenant ces images : tout ce qui est « curiosité » est relégué dans les vitrines. Il ne doit rester à la portée de la main que ce qui est nécessaire ou agréable à la vie journalière. Ainsi candélabres, bronzes, jardinières, cache-pots reprennent leur place normale. Je sais bien que ce n’est là qu’un aspect de la vie de nos ancêtres et que le faste, la magni-ficence régnaient également dans ces sociétés aristocratiques, aujour-d’hui presque entièrement dispa-rues. La remarque est bonne si nous faisons de la sociologie. Elle ne l’est plus si nous restons dans l’observation de phénomènes plus intimes. Les souvenirs de Robert de Montesquiou, ceux plus récents de M. Boni de Castellane prou-vent quels soucis les gens de bonne éducation mettaient à « bien » recevoir. De notre temps, j’en suis frappé, on invite les gens pour les avoir, pour s’en parer, on songe peu à les satisfaire. Rares sont ceux qui restent dans la tradition de courtoisie ostensible — osten-tatoire, si l’on veut qui a fait l’esprit et le renom de la société française. Les demeures de Versailles sont le témoin de cette élégance passée, d’une vie sociale qui ne correspond plus aux conceptions modernes, ni à l’existence de classes mal définies dans leurs goûts et leur fortune. Alors, comment conclure ?… Je crois qu’il faut laisser les grandes demeures des siècles passés à ceux qui peuvent dignement les occuper, soit qu’ils détiennent encore des vestiges de la splendeur évanouie, soit qu’ils possèdent la fortune suffisante pour les acquérir. Toutefois, ce n’est pas une raison pour ne point prendre un appartement à Versailles, si l’on en découvre un qu’on aime et qui vous convienne. Mais alors, il n’y faut toucher Photo Paul O’Dovi. Chez Madame la CI` Recopé : le salon rose; sur la commode Régence ornée d’argent, une oeuvre du sculpteur Gardet. • t 19 )•